Il était une fois : l’éternité moins 8 secondes
Quel rapport entre le temps en suspension, des chèvres en lévitation, des cadavres en décomposition, la résurrection et une tragédie grecque. Aucun évidemment. À moins que
1 seconde : la réputation d’agilité de la chèvre est totalement usurpée, si j’en crois les nombreux cadavres qui jonchent le sol des gorges de Samaria en Crète.
2 secondes : ce cañon de 16 km de long bordé de parois de plusieurs centaines de mètres de hauteur est à la fois le refuge des chèvres sauvages crétoises et leur tombeau.
3 secondes : les analyses génétiques montrent qu’Agrimi, c’est le nom de la race locale, descend des premières chèvres domestiques de Méditerranée orientale (vers 8 000 av. J.-C.).
4 secondes : l’Antiquité, Agrimi connaît bien ! Selon la mythologie crétoise, c’est une chèvre du nom d’Amalthée qui a allaité Zeus dans une grotte de Crète quand il était enfant.
5 secondes : à la mort de sa mère nourricière, la légende rapporte que Zeus décida de lui réserver une place de choix au firmament.
6 secondes : certains affirment qu’elle a élu domicile dans la constellation du Capricorne, d’autres dans celle du Cocher, où brille Capella (la chevrette en latin), une des étoiles les plus brillantes du ciel nocturne.
7 secondes : au moment de se fracasser contre le mur de la réalité, après 300 mètres de chute libre et 8 secondes de sursis, les chèvres volent à la vitesse théorique de 78,5 mètres/seconde.
8 secondes : dérisoire pour le roi de l’Olympe qui, fidèle à sa promesse, les renvoie illico vers l’éternité à la vitesse de la lumière : 299 792 458 mètres/seconde ! Ainsi soit-il !